La jaune by Jean-Pierre Fontana

La jaune by Jean-Pierre Fontana

Auteur:Jean-Pierre Fontana [Fontana, Jean-Pierre]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2265032387
Éditeur: FNA 1451
Publié: 1986-01-31T23:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

Ce furent les cris qui éveillèrent Gino. Des sortes de hurlements ou de sanglots, suivis très vite d’une véritable cavalcade et de l’irruption, au troisième étage qu’il occupait avec sa bande, des immigrés, de Roddia la pute et du couple habitant l’étage au-dessous, le vieil ivrogne et sa fille. Hors d’haleine, le grand Noir souffla :

— Les gaz ! Bon Dieu ! Ils sont déjà au second.

Derrière lui, cinq hommes s’étaient à leur tour engouffrés dans l’appartement vide. Cinq hommes seulement.

— Trois d’entre nous se sont fait avoir ! compléta-t-il. Nous, on a eu de la chance parce qu’on se trouvait moins près de l’entrée. C’est ça qui nous a sauvés. Qu’est-ce qu’on va faire à présent ?

Pour la première fois, peut-être, Gino resta sans voix. Il venait de se rendre compte qu’il n’avait pas de réponse. Lui qui avait le réflexe de fuite particulièrement prompt, il était pris au piège. Impossible de descendre et impossible d’aller plus loin.

— Nous sommes coincés ! dut-il se résoudre à avouer. Des fenêtres, on ne peut pas accéder au toit et il n’y a pas de grenier dans cette maison.

Il se passa une main sur le menton et rencontra une barbe déjà fournie qui ne le mit pas de meilleure humeur.

— On peut essayer de démolir le plafond, proposa naïvement le Noir, le seul de toute la bande de travailleurs étrangers à savoir parler français semblait-il.

— Et avec quels outils, gros malin ? persifla Gino. Il n’y a rien à cet étage. Pas même une brosse à dents. Pas un meuble. Rien de rien qui permette de pratiquer une ouverture.

— Les armes…, risqua le Noir.

— On viderait tous les chargeurs avant d’avoir découpé de quoi passer le doigt ! Au fait… où est-ce qu’ils sont, les flingues ?

— Dans la panique, j’ai oublié le mien en bas, s’excusa le colosse. On a filé tellement vite.

— Merde ! Et les autres ? s’inquiéta Gino.

Les autres avaient réagi comme le grand Noir, à l’exception de deux Algériens dont celui qui détenait son Chief’s. Mais ça n’était pas tellement surprenant. Ces hommes étaient avant tout des ouvriers. Pas des tueurs.

— D’accord ! reprit l’Italien. On est tout nus si je comprends bien. Mais si nous ne voulons pas crever comme des rats dans les minutes à venir, il va falloir qu’on se bouge. Bordel ! Il doit bien y avoir un moyen de démolir ce plafond…

— J’ai un canif…, essaya Paulo.

— Tu pouvais pas le dire plus tôt ! Toi, le costaud, poursuivit Gino à l’adresse du Noir, tu vas prendre l’un de tes collègues sur les épaules. Peut-être qu’avec ce couteau il pourra faire quelque chose.

Le Noir acquiesça sans conviction, fit un signe à un autre Noir. En un instant, il l’avait hissé et l’homme perché essaya de gratter le plâtre afin de mettre à jour le support. Presque aussitôt, la lame pénétra dans le revêtement, se coinça dans une fente et se brisa net, entaillant sérieusement la main de son utilisateur qui poussa un juron.



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